Le cinéma du réel se nourrit de la réalité pour y réfléchir. Il se distingue du documentaire traditionnel par son absence de prétention à l'objectivité. Werner Herzog a réalisé plus de cinquante films du réel, dont une série de portraits de personnes extraordinaires. Deux d'entre eux seront abordés dans ce texte : Meeting Gorbachev et Nomad : In the Footsteps of Bruce Chatwin. Ces deux films visent à raconter une histoire biographique qui a des implications pour le présent. Ainsi, à travers cette analyse, il est proposé de réfléchir aux formes de mémoire, à l'interview et à la performance en tant que techniques du cinéma du réel. L'analyse est divisée en parties du discours rhétorique : arguments, ordre et figures rhétoriques, afin de voir comment est construite la version de ces histoires qui racontent des données biographiques, mais qui réfléchissent aussi sur le présent.

Cl'ère numérique, l'émergence de formats documentaires non linéaires dans l'espace en ligne représente un scénario propice à la symbiose entre différentes frontières : la reconfiguration du support et des pratiques, l'expansion des modalités de participation et la conversion des sujets de la représentation en auteurs du texte audiovisuel. Comment penser un documentaire qui transcende l'écran unique, le format linéaire, qui nous inclut en tant que co-auteurs de l'œuvre, dans un produit où la participation est centrale ? Pour analyser ce phénomène, nous prenons comme étude de cas le documentaire anthropologique Question Bridge (2012-présent), un projet sur l'identité et la masculinité dans la communauté afro-américaine, qui met sur la table les possibilités et la portée de la participation dans le film.