Présentation des encarts anthropologiques

Nous vivons aujourd'hui une époque que la science-fiction n'avait jamais imaginée : l'expérience de la communication dans un espace virtuel. La technologie numérique a révolutionné nos façons de transmettre la culture, de connaître et, surtout, de communiquer et d'interagir au quotidien. La science, et avec elle l'anthropologie, ne peut rester à l'écart de ce changement qui, bien qu'il pose de nouveaux défis, offre également la possibilité d'accroître nos possibilités de communication et notre champ d'action.

Il y a trois ans, un groupe de chercheurs du CIESAS Occidente (Pablo Mateos, María Eugenia de la O, Alejandra Navarro et Renée de la Torre) a été chargé d'élaborer une proposition créative pour une nouvelle revue. Après plusieurs discussions, nous avons convenu que nous voulions créer un support alternatif qui nous permettrait de communiquer un large éventail de ce que nous, chercheurs en sciences sociales et humaines, créons et qui, souvent, parce qu'ils n'ont pas de canal de publication, ne sont pas considérés comme des "produits" académiques ; non pas parce qu'ils manquent de rigueur scientifique, mais parce que nous n'utilisons pas les médias et les supports numériques à cette fin. Comme d'autres sciences, la nôtre utilise plus fréquemment des instruments pour enregistrer des faits et des significations socioculturelles : tout en continuant à utiliser des notes de journal de terrain et des dessins, nous avons également incorporé des enregistrements d'entretiens, des photographies, des séquences audiovisuelles, des vidéos et même des GPS. Tout comme la réalité n'est pas figée mais se développe en mouvement, les avancées technologiques nous ont permis d'enregistrer des expressions, des mouvements, des activités, des comportements, des sentiments, des contextes et des lieux. Ces enregistrements ne trouvent pas d'espace expressif sur le papier, pas plus qu'un bon pourcentage de nos exercices analytiques, ce qui explique qu'ils ne deviennent pas des produits académiques publiés. D'où l'idée d'une revue numérique qui tire parti des nouveaux supports technologiques pour publier différents produits de recherche. Après avoir cherché un nom convaincant et original, Andrés Fábregas a proposé de l'appeler Insertions anthropologiquescos. Il nous a convaincus en nous expliquant que ce nom était une métaphore de l'inclusion. El Colegio de la Frontera Norte s'est joint à ce projet, né au sein du CIESAS Occidente, afin de renforcer cette proposition en tant que publication interinstitutionnelle.

Insertions anthropologiques est né avec l'intention de tirer parti des nouvelles possibilités technologiques offertes par un magazine en ligne. Cela a été possible grâce à l'ingéniosité de deux concepteurs : Jaime Mohr et Arthur Ventura. Les nouvelles plateformes électroniques peuvent être exploitées pour publier du matériel original résultant d'une recherche de qualité dans des langues et des genres différents, créant ainsi des plateformes et des formes d'interaction novatrices et plus dialogiques. Le défi n'est pas résolu en téléchargeant un journal papier sur une plateforme numérique, mais en imaginant et en créant de nouvelles modalités d'écriture et de diffusion des résultats de la recherche par d'autres moyens et sur des appareils portables.

C'est pourquoi Encartes est avant tout une invitation et une provocation à écrire avec des langages multicodes qui nous permettent d'entrelacer les mots avec les images, les images avec le son, la voix avec l'écriture. Nous nous proposons de réaliser une revue où les articles, les essais, les critiques et les interviews maintiennent la textualité de l'écriture, en y insérant la tradition orale dans la voix en direct des acteurs et les nouvelles cultures qui privilégient l'image. Dans ce sens, insérer est inclure afin de combiner des codes qui enrichissent la textualité.

Encartar propose d'inclure des encarts thématiques dans une revue formelle. Insertar, dans notre cas, propose d'inclure divers matériaux et activités qui sont le produit de la recherche universitaire, mais qui sont continuellement marginalisés par rapport à notre production formelle dans les revues universitaires conventionnelles. Telle est notre mission : inclure des alternatives textuelles, mais aussi de nouvelles plateformes de dialogue, de débat, de diffusion et d'interaction.

Le magazine comprend les sections suivantes : Thèmes anthropologiques est une section avec un thème central qui est coordonnée par un responsable académique et composée de spécialistes du sujet à traiter. Avec la section suivante, Colloques interdisciplinairesL'objectif est de stimuler le dialogue, la discussion et le débat en incorporant de nouvelles formes d'interaction qui transformeront la revue en un forum d'échange entre anthropologues, spécialistes d'autres disciplines, créateurs qui dialoguent avec l'anthropologie et les sciences sociales, et autres parties intéressées.. Divergences est une section conçue pour un débat ouvert avec des spécialistes qui ont des positions différentes sur des questions d'actualité d'intérêt public, et qui nécessitent donc des réponses plus immédiates de la part des universitaires. Réalités anthropologiques est une section diversifiée qui comprend des articles originaux sur des sujets variés. Dans les deux sections, des témoignages audio, des images animées et des enregistrements audiovisuels peuvent être insérés en complément du texte. Encartes multimedia est conçu pour publier des ethnographies visuelles, des reportages multimédias, des essais photographiques, des documentaires, de la poésie, des récits de vie et des archives orales. Reseñas críticas ne se limite pas à la recension d'un livre, mais commande également des recensions critiques d'œuvres complètes d'un auteur ou d'un courant particulier. Elle invite à revoir des vidéos ethnographiques, du cinéma anthropologique, des expositions d'art et d'anthropologie, des soutenances de thèse, des performances anthropologiques, etc. Entrevistas comprend des formats traditionnels et audiovisuels. Ensemble, ces sections sont conçues pour ouvrir un dialogue avec l'art, la performance, les nouveaux systèmes d'information géographique, la poésie, les documentaires ethnographiques, le cinéma anthropologique, les essais photographiques et les archives orales. Ces pratiques diverses font en effet partie des activités et des projections scientifiques de notre recherche, qui n'ont malheureusement pas leur place sur papier, mais qui peuvent heureusement être diffusées par le biais des médias numériques dans cette nouvelle revue.

Nous sommes conscients que la publication du premier numéro de Encartes est un premier triomphe que nous souhaitons célébrer, mais nous savons aussi que le défi ne fait que commencer, car nous devons élargir nos horizons d'inclusion et d'ouverture à l'interdisciplinarité. Cet effort nous amènera à rechercher les lacunes qui nous permettront d'articuler le matériel publié avec l'enseignement ; de diffuser la revue pour provoquer et motiver les chercheurs et les étudiants à produire et à communiquer avec différentes textualités, formats et genres ; de devenir un pont intergénérationnel entre les cultures du livre et celles de l'image et de maintenir le lien entre les sciences socioculturelles avec un programme d'actualité sur le travail de l'anthropologie d'aujourd'hui. Nous pourrons ainsi positionner les productions locales dans les réseaux mondiaux et les communautés internationales, nous aventurer dans de nouveaux modes de lecture, continuer à ouvrir des fenêtres d'interaction dialogique jamais imaginées auparavant qui traversent les frontières mêmes des spécialités scientifiques et provoquer des divergences afin d'exercer la liberté d'opposition. Nous espérons que l'existence de cette revue suscitera le même enthousiasme que celui qui nous anime, nous, l'équipe éditoriale, pour imaginer de nouvelles façons de créer, de produire et de diffuser les résultats de recherche qui seront désormais accueillis dans notre revue.

Renée de la Torre Castellanos

Directeur de la rédaction