"Ils pulvérisent le coronavirus". Sur les rumeurs de conspiration dans les réseaux sociaux et leurs utilisations politiques au Mexique.1

Réception : 31 juillet 2022

Acceptation : 22 novembre 2022

Résumé

Dans cet article, nous analysons une rumeur qui raconte que les mesures d'assainissement du gouvernement contre le coronavirus étaient plutôt des stratégies visant à infecter la population avec le virus et à l'éliminer. Cette rumeur a circulé dans différentes régions du Mexique, suscitant de multiples protestations collectives. Loin de la vision qui condamne les rumeurs et les récits de conspiration comme étant faux, nous comprenons dans cette étude que ces phénomènes permettent de comprendre ce qui est considéré comme plausible et invraisemblable dans un contexte donné. Nous présentons donc les versions qui ont circulé à San Antonio de la Cal, Oaxaca, ainsi que les éléments narratifs qui leur confèrent plausibilité et invraisemblance. L'étude se base principalement sur l'analyse des conversations générées sur Facebook et sur des entretiens personnels ; elle montre que la rumeur est liée à des récits de conspiration et à des histoires locales qui parlent de la méfiance à l'égard des autorités. Elle analyse également son utilisation politique par des groupes opposés aux autorités.

Mots clés : , , , ,

"les rumeurs de conspiration sur les réseaux sociaux et leur utilisation politique au mexique

Dans cet article, nous examinons une rumeur selon laquelle les mesures gouvernementales d'assainissement contre le coronavirus seraient en fait des stratégies visant à infecter la population et à l'éliminer. Cette rumeur a circulé dans diverses régions du Mexique, suscitant de multiples protestations communautaires. Cette étude se démarque d'une approche qui condamne les rumeurs et les théories du complot pour leur fausseté, et prend en compte le fait que ces phénomènes permettent de comprendre ce qui est considéré comme plausible ou non dans un certain contexte. Nous présentons les versions qui ont circulé à San Antonio de la Cal, Oaxaca, ainsi que les éléments narratifs qui leur confèrent plausibilité et invraisemblance. L'étude se base principalement sur l'analyse des conversations générées sur Facebook et sur des entretiens personnels. Elle montre que la rumeur était liée à des récits conspirationnistes et à des récits locaux faisant état d'un manque de confiance dans les autorités. En outre, son utilisation politique par des groupes opposés aux autorités est examinée.

Mots-clés : rumeur, coronavirus, véracité, théorie du complot, Mexique.


Les rumeurs sont des voies d'accès à des univers insoupçonnés, à des modes de pensée et des sentiments inconnus de différents groupes sociaux, à des expériences inédites des communautés. Elles sont autant de brèches pour comprendre les inquiétudes, les angoisses et les illusions vécues à l'époque de la pandémie du covid-19, ainsi que les différentes conceptions de la santé, de la maladie et des moyens de la prévenir. Ce texte présente les résultats d'une enquête sur les multiples rumeurs qui ont circulé au Mexique à propos du phénomène du coronavirus sur les réseaux socionumériques, en particulier Facebook et Twitter. Nous avons privilégié celles qui ont eu un impact social et provoqué des mobilisations ou des actions collectives.

La rumeur que nous allons analyser ici est que les mesures d'assainissement mises en œuvre par le gouvernement - qui devraient servir à réduire la contagion - sont plutôt des stratégies visant à disperser le coronavirus, à le "fumiger" et à infecter la population. Cette rumeur circule depuis 2020 dans des régions très éloignées du pays (comme l'État de Mexico, le Chiapas et l'Oaxaca) et a suscité de vives conversations sur les réseaux sociaux et numériques. La dernière version que nous connaissons a été diffusée à Veracruz en octobre 2021 et affirmait que l'objectif était d'infecter et de propager la maladie au moyen de drones appartenant à l'armée fédérale, ce qui a poussé certains habitants à abattre ces engins. Nous présentons ici le cas de San Antonio de la Cal, Oaxaca.

Ces versions de la rumeur mettent en scène les drames sociaux, économiques et politiques que vit la population dans les temps incertains de la pandémie. Elles constituent également un langage métaphorique et symbolique pour dénoncer leurs dirigeants et les institutions dont ils se méfient profondément. Dans un travail précédent, nous avons soutenu que les multiples rumeurs qui ont circulé au Mexique depuis 2020 fonctionnent comme une déclaration ou un avertissement d'une possible extermination de la population dont peu parlent et que presque personne n'ose dénoncer : "ils nous tuent", une figure elliptique qui peut être remplie de multiples façons et qui génère de nombreuses variations (Zires, 2021). Nous poursuivons ici l'exploration de cette figure et du régime de vraisemblance qui la soutient.

Il est à noter que certaines variantes de la rumeur sur la "pulvérisation du coronavirus" ont été utilisées par des groupes opposés à certaines autorités municipales pour les critiquer et les délégitimer, ainsi que pour discréditer les secteurs auxquels elles appartiennent ou auxquels elles sont liées. Ainsi, la dimension politique de nombreuses rumeurs qui ont circulé dans la pandémie est pleinement visible.

Cependant, pour que la rumeur soit utilisée politiquement, elle doit être plausible pour la population dans laquelle elle circule, elle doit avoir un degré minimum de plausibilité pour se répandre et elle doit être liée à des notions ou discours préexistants, sans quoi elle ne pourrait pas générer de mobilisations collectives. Parmi ces notions préexistantes figurent les explications conspirationnistes qui ont circulé non seulement au Mexique, mais aussi dans le monde entier, et qui ont acquis des significations particulières ou des interprétations locales, comme nous le verrons dans le cas analysé. C'est sur ces aspects que nous souhaitons porter notre attention.

Rumeurs et plausibilité

Dans cette recherche, la rumeur est conçue comme une histoire incomplète et en constante évolution en fonction du contexte historique et culturel dans lequel elle circule (Zires 2001, 2005). En raison de sa nature changeante, il est important de reconnaître ses multiples versions et transformations.

La rumeur est produite dans les interstices des institutions et circule à travers des canaux de communication informels, tant dans les réseaux sociaux traditionnels (famille, voisinage, etc.) que dans les espaces numériques plus ou moins interactifs sur l'internet et dans les réseaux socionumériques (Facebook, Twitter, YouTube, entre autres). Autrefois, il s'agissait uniquement d'un phénomène oral. Aujourd'hui, il prend des formes orales dans des contextes de face à face, ainsi que des modalités auditives, écrites, visuelles et audiovisuelles via des messages d'alphabétisation traditionnels ou recodés, des micro-productions audiovisuelles et des "mèmes" qui circulent via les téléphones portables dans des applications telles que Messenger ou WhatsApp, entre autres. Il s'agit d'une forme de communication médiatisée, hypermédiatisée et multimodale (Zires, 2017, 2021).

En ce sens, elle se distingue de l'actualité ou de l'histoire en ce qu'il s'agit de récits légitimés qui circulent à travers les canaux institutionnels d'une société. La rumeur est liée au "on dit", à la voix anonyme, et au "on ne dit pas", à ce que le gouvernement ou les organes politiques censurent souvent.

Les rumeurs sont des phénomènes collectifs qui traversent les groupes sociaux et parfois des contextes culturels différents. Au cours des dernières décennies, elles ont pris une dimension plus globale. C'est le cas des rumeurs liées à la pandémie de coronavirus.

Dans le sens qui nous intéresse ici, la rumeur est détachée du paradigme du mensonge. contre La rumeur est liée à la vérité et à la vision qui associe les nouvelles à la vérité et à l'objectivité, et la rumeur au mensonge et à la subjectivité. Dans cette perspective, la rumeur est liée au plausible, à l'ensemble des conventions sociales et culturelles qui établissent ce qui peut être dit ou non dans un contexte donné, ainsi que la manière de le dire. Ces conventions, plus ou moins explicites, émanent de ce qui a été formulé jusqu'à un moment donné dans les discours qui le précèdent (Zires, 2001).2.

En ce sens, nous souhaitons savoir ce qui rend plausibles ou non les différentes rumeurs de pandémie qui ont circulé au Mexique, et quels sont les différents régimes de plausibilité qui façonnent leur création et leur transformation.

De même, nous souhaitons explorer les points de connexion entre les rumeurs et les récits de conspiration, en nous éloignant de la vision qui les stigmatise comme fausses et les associe au pathologique, pour analyser ce qui les rend plausibles. Nous pouvons ainsi reconnaître d'autres manières d'interpréter le monde et de produire d'autres vérités.

Il ne s'agit pas d'une discussion isolée ; Boullier et ses collègues ont récemment souligné la possibilité qu'ouvre ce changement épistémologique :

Nous devons documenter la variété des discours et des épistémologies qui mettent à rude épreuve la fabrication de la vérité, ainsi que les types de preuves et les groupes sur lesquels ils s'appuient. En bref, les frontières de la science sont aujourd'hui en jeu : les frontières des intérêts privés ou politiques, dont les "conspirationnistes" dénoncent la porosité, et les frontières entre science légitime et science déviante, que ces acteurs voudraient imposer. Plutôt que de prendre parti dans ces controverses mouvantes et complexes, les sciences sociales gagneraient à observer les travaux déployés de part et d'autre de ces lignes (Boullier, Kotras et Siles, 2021 : 12).3.

De la rumeur à l'action collective

Les rumeurs peuvent contribuer à articuler des actions individuelles ou collectives isolées en les inscrivant dans un certain cadre d'intelligibilité. Il existe donc souvent une relation étroite entre la rumeur et l'action collective. Certaines études s'intéressent à la manière dont ces actions collectives ont été déclenchées par des rumeurs. Farge et Revel (1998) soulignent, par exemple, l'importance des émeutes et des lynchages générés par des rumeurs d'enlèvements d'enfants à Paris en 1750. Cette analyse souligne la logique de la signification multiple et de l'improvisation dans les actions collectives basées sur des explications et des scripts préétablis. Il nous semble fondamental de reprendre cette perspective, car elle permet de sortir des visions unilinéaires.

La rumeur d'infection ou de "fumigation" des villageois de San Antonio de la Cal, ainsi que les actions individuelles et collectives qui en ont découlé, ne doivent pas être traitées dans une perspective univoque où certains coupables - ceux qui ont empêché les mesures d'assainissement - sont criminalisés et placés au centre comme symbole de l'ignorance et de la bêtise humaine. Notre approche propose plutôt de plonger dans les logiques de signification sociale et de plausibilité des multiples récits qui ont circulé dans cette région et dans de nombreux autres contextes avant cette date, ce qui nous permettra de découvrir des points de convergence narrative et d'interprétation entre ces récits locaux et les explications conspirationnistes qui ont circulé à l'échelle mondiale. Cette approche invite à analyser les secteurs politiques qui ont contribué de manière significative à sa diffusion locale, ainsi que ceux qui ont tenté de la contrecarrer.

Brève reconstitution du cas de San Antonio de la Cal, Oaxaca

Le 27 mai 2020, à San Antonio de la Cal, dans l'État d'Oaxaca, des habitants de la municipalité ont empêché l'assainissement des espaces publics de la ville, estimant qu'ils propageaient le coronavirus. Cette mesure de désinfection, destinée par les autorités sanitaires à réduire la propagation de la maladie, a été, selon les habitants, plutôt le contraire, une propagation du virus.

Selon divers journaux nationaux et locaux,4 les villageois ont fait obstacle à l'assainissement avec des bâtons et quelques machettes à la main, et ont retenu pendant un certain temps les travailleurs de l'assainissement, une brigade du ministère de la santé de l'État. Les manifestants ont alors lancé des pierres et des gaz lacrymogènes, endommageant certaines parties du palais municipal et la camionnette du président, et bloquant les rues pour empêcher la police et la garde nationale d'y pénétrer. Face à cette situation, le président municipal, Alfonso Vázquez, s'est rendu sur l'esplanade, a tenté de donner des explications et de convaincre la population, mais a fini par l'assurer que les mesures d'assainissement étaient suspendues, a remis le liquide utilisé aux manifestants et la brigade a quitté les lieux sous protection policière.

Selon les journaux El Universal et PublimètreLes villageois ont même crié : "Ils veulent nous tuer" et "le liquide propage le virus".5 Selon le La Jornada certains messages envoyés par l'intermédiaire de groupes WhatsApp avaient circulé parmi la population et encouragé la réaction collective :

Les voisins ont signalé que par le biais de groupes de résidents locaux WhatsApp a envoyé un message audio dans lequel un homme dit que les autorités municipales devraient remettre 60 personnes décédées. par jour à partir de la semaine prochaine, c'est pourquoi ils mènent des activités d'assainissement, afin de propager le virus covid-19, ainsi que des activités d'hygiène. sont invités à éviter de se rendre dans les centres de santé en cas de maladie.. Dans cet audio, il est demandé à la population de participer et d'empêcher le personnel de santé d'effectuer ces tâches de désinfection, car les "gaz" affectent directement les poumons et les bronches6 (soulignement ajouté).

Pour sa part, le quotidien Millénaire a noté que les opposants au président de la municipalité avaient participé à l'agitation de la population sur les réseaux sociaux. 7 Dans le même ordre d'idées, un journal local, Dialogues d'Oaxaca, écrit qu'un secteur des forces politiques locales a participé à l'action de protestation, incitant à la mobilisation et à la violence : "un groupe de choc identifié à l'ancien candidat à la présidence municipale, Juan Carlos Pascual, a bloqué et lancé des bombes lacrymogènes". Cette situation nous amène nécessairement à prendre en compte le contexte social de San Antonio de la Cal et un conflit post-électoral latent au sein du conseil municipal, et à réfléchir à la dimension politique de la rumeur.

Un contexte socio-politique et post-électoral tendu

San Antonio de la Cal fait partie de l'agglomération de la ville d'Oaxaca, à cinq kilomètres du centre-ville et en direction de l'aéroport. Au cours des dernières décennies, la population a augmenté et la zone géographique s'est étendue. Au centre de cette municipalité vit la population d'origine, les "natifs" ou "caleros", qui se distinguent de la population venue s'y installer, les "avecindados" ou "fuereños".

Elle est régie par un régime électoral municipal en tension : un mélange entre le système des usos y costumbres et le système des partis, reflétant la tension entre les autochtones et les étrangers. D'une part, elle fait partie des nombreuses municipalités de l'État d'Oaxaca qui sont régies par le système des usos y costumbres pour élire leurs autorités municipales, ce qui explique qu'elles votent dans une assemblée locale.8 Les caleros sont les principaux défenseurs de ce régime. Ils contrôlent ce système et ses règles de participation (qui exigent que le candidat s'engage à participer à des festivités religieuses et à des travaux d'intérêt général), ce qui tend à écarter les outsiders. Ces derniers, au contraire, ont plaidé au cours des dernières décennies pour le respect de la loi électorale et du système de partis qui leur permet de participer aux élections locales, même s'ils ne satisfont pas aux exigences du système usos y costumbres.9 C'est pourquoi, dans cette municipalité, le système des usos y costumbres n'est pas séparé, comme dans d'autres municipalités, de la logique des partis politiques, et les planillas sont donc formées en fonction de la couleur. Lorsque les planillas lancent leur campagne, les partis politiques interviennent avec leurs structures organisationnelles et le soutien du centre de l'État ou du pays, mais les élections ont lieu dans une assemblée locale, un système qui, à certains moments, présente de nombreuses contradictions.

San Antonio de la Cal est traditionnellement considéré comme un bastion du PRI, mais avec la montée en puissance d'autres partis, le Parti révolutionnaire institutionnel (pri) a perdu de son importance et certains de ses partisans ont migré vers d'autres partis, en particulier le Movimiento de Regeneración Nacional (Morena). En 2016, le parti a voté pour le gouverneur du priEn 2018, Morena a remporté à la fois les élections des députés de l'État et, au niveau fédéral, l'élection du président du pays en votant pour López Obrador.

Le 24 novembre 2019, des élections locales ont eu lieu à San Antonio de la Cal, auxquelles dix listes de candidats ont participé. Au cours des élections, des personnes liées au candidat orange, Juan Carlos Pascual Diego, qui est proche des pri,10 qui l'emportait. Face à cela, la population a manifesté dans l'assemblée et ce candidat a été écarté le jour même, de sorte que le candidat du ticket vert, Alfonso Vázquez Santiago, proche du Partido Acción Nacional, a fini par l'emporter.pain). Pour cette raison, le candidat écarté, Juan Carlos Pascual, a contesté les résultats devant le tribunal électoral d'Oaxaca, mais ce dernier a validé Alfonso Vázquez au début de la pandémie de covid-19 au Mexique, en mars 2020. Suite à cette validation, le candidat Pascual a continué à contester les résultats au niveau fédéral et a demandé de nouvelles élections, ce qui a conduit à une annulation des résultats des élections en juillet 2020. Depuis cette date, la municipalité n'a pas connu d'élections ni d'autorités permanentes, mais seulement des administrateurs temporaires nommés par le sénat local, qui est gouverné principalement par les forces du parti Morena.

Cela signifie que, lorsque la rumeur a fait surface dans la localité, la situation politique était très tendue dans la municipalité entre ceux qui étaient mécontents du processus électoral, ceux qui soutenaient Alfonso Vázquez (Poncho) et ceux qui soutenaient le challenger de l'élection (Pascual). Cela nous permet de comprendre pourquoi les rumeurs et les actions de protestation des habitants de la municipalité ont été encouragées ou soutenues par ce secteur dans le conflit politique électoral.

Quelques stratégies méthodologiques de recherche et d'analyse

Sur la base de la couverture médiatique de différents journaux télévisés tels que Denise Maerker et Ciro Gómez Leyva sur l'empêchement de l'assainissement à San Antonio de la Cal, où des images, des vidéos et des témoignages qui avaient circulé sur différents sites Facebook ont été repris, ces publications originales ont été retracées, ainsi que les groupes et les pages de cette plateforme sur le thème de San Antonio de la Cal, dans le but d'approfondir les conversations qui avaient été générées à cet égard. Il était intéressant de récupérer dans ces conversations les différentes rumeurs qui avaient circulé, les discours qui les rendaient plausibles et invraisemblables, le tissu associatif que la rumeur avait suscité et la manière dont les utilisateurs de Facebook l'avaient interprétée, l'action collective et, en général, le contexte sociopolitique. Parmi les pages Facebook, nous avons sélectionné toutes les pages relatives à des questions locales en cours à l'époque, au nombre de quatre, dont les administrateurs, hormis les officiels, n'étaient pas identifiables. Sur toutes ces pages, il y avait une conversation plus ou moins conflictuelle entre ceux qui soutenaient la rumeur et ceux qui la rejetaient et désapprouvaient les actions collectives qui s'ensuivaient. Parmi ces sites, on peut citer : le site officiel à l'adresse 2020 Municipalité de San Antonio de la Calainsi que le site officiel en 2019 H. Mairie de San Antonio de la Cal;11 San Antonio de la Cal, Oaxacadont les administrateurs étaient plus enclins à défendre les autorités ; Nous sommes San Antonio de la CalLe site web du président municipal de l'époque, Alfonso Ángel Vázquez Santiago, a également été publié. Nous avons également analysé quelques pages régionales de Oaxaca : Alerte à Oaxaca, Oaxacaqueando et d'autres liés aux médias locaux : L'impartial et Nouvelles de Oaxaca Voix et imageLes médias, qui ont généré des conversations critiques, bien qu'ils se soient moins intéressés aux rumeurs locales et aux processus politiques et se soient davantage concentrés sur la critique de ceux qui empêchaient l'assainissement. Les médias se distinguent La vague de Oaxaca qui a mis en ligne une vidéo du moment où les manifestants protestaient devant le palais municipal. Il a ainsi repris la vision des manifestants eux-mêmes.

Afin de se faire une idée de ce qui se passera lors des élections de 2019 et du 27 mai 2020, une analyse de l'actualité a également été réalisée dans les journaux locaux de l'État d'Oaxaca et, au niveau national, sur l'internet (Quadratín Oaxaca, Diálogos Oaxaca, La Jornada, Reforma, Milenio, Excélsior, Publímetro, Animal Político, Reporte Indigo).

Afin de comprendre le contexte social et politique depuis la localité et de mieux interpréter les conversations socio-numériques, trois personnes ayant participé activement à la vie communautaire et politique de San Antonio de la Cal ont été interviewées en profondeur : un natif, titulaire d'un diplôme universitaire en éducation, qui a participé à l'assemblée lors des élections de 2019, et qui a suivi le moment de l'éruption de la rumeur et des actions collectives le 27 mai 2020 -cette informatrice préfère rester anonyme- ; Marina Méndez, qui vit sur place depuis plus de dix ans, a travaillé au sein de la Ligne mexicaine de défense des droits de l'homme et dans de multiples projets communautaires en contact avec les différents partis au niveau local ; et le président municipal lui-même, Alfonso Vázquez, qui est natif, pour connaître sa vision de ce qui s'est passé.

Rumeurs sur la propagation du coronavirus et discours qui les crédibilisent

Dans les conversations sur Facebook, si la majorité met en doute la rumeur, traite ses diffuseurs d'ignorants et se moque d'eux, les insulte et les dénigre avec des termes racistes, classistes et malveillants, cela n'empêche pas certains de publier les différentes versions de la rumeur et ce qui la rend plausible sous différents angles ou perspectives, ce qui permet d'accéder à la délibération collective qui est générée dans toute production de rumeurs. Un point important de la délibération ce jour-là est la signification des termes "assainissement" et "fumigation".

Dans les vidéos récupérées lors de l'action de protestation évoquée ci-dessus, les manifestants n'utilisent pas le terme "assainissement", mais plutôt celui de "fumigation". L'assainissement est le terme utilisé par les autorités interrogées et par les journalistes. Les deux actions, L'assainissement et la fumigation sont certainement des éléments qui leur sont associés.L'utilisation de certaines substances chimiques est généralement inconnue du commun des mortels, et les personnes qui diffusent ces substances portent des masques ou des combinaisons pour se protéger, ce qui laisse supposer un certain danger ou une certaine attention à l'égard de ces substances. Ce n'est pas un hasard si, sur l'un des sites Facebook, quelqu'un pose précisément la question du 27 mai : "Le peuple exige une réponse. A l'autorité municipale. Il s'agit d'une fumigation ou d'un assainissement. Et dans quel but et avec quels produits chimiques ? 12

En ce qui concerne les substances chimiques qui seraient utilisées pour la "fumigation", les utilisateurs expriment une grande méfiance en raison de leur dangerosité possible et de leur utilisation imprudente : "ce sont des poisons", "cette mère est un poison". D'un point de vue plus écologiste, certains expriment leur manque d'utilité : "C'est une perte d'argent. Cela pollue les rues et l'environnement. Ça n'empêche pas vraiment la prolifération des covidés et ça tue beaucoup d'autres formes de vie utiles". Dans le même ordre d'idées, un autre utilisateur a ajouté une référence au discours scientifique : "Le qui a déjà dit que la fumigation des rues était inutile. Je condamne les actions de la population et du gouvernement qui n'ont pas suivi les recommandations de la Commission européenne. qui".13

D'autres ont donné à l'assainissement-fumigation une signification clairement létale, et donc plus directement liée à la rumeur même qui a généré l'action collective : "Ils veulent juste tuer plus de gens, comme ils l'ont déjà fait" ; "c'est vrai qu'avec la fumigation, ils tuent des gens". Plusieurs utilisateurs ont donné des exemples concrets de lieux où cela s'était produit, ce qui a donné de la crédibilité à la rumeur, comme à Tuxtepec, San Fernando de Chiapas et Central de Abastos : "Coïncidence ou pas, mais un jour après la fumigation, tout un tas de personnes ont été infectées, comment l'expliquez-vous ? À Tuxtepec, il s'est passé quelque chose de similaire, un jour avant la fumigation et l'assainissement, et le lendemain, boum, la colonie comptait plus de 10 personnes infectées" ; "Ici, à San Fernando Chiapas ! Depuis qu'ils ont fait des fumigations ! De nombreuses personnes ont commencé à mourir ! Quelle coïncidence ? Non !!".

D'autres éléments ont contribué à la crédibilité de la rumeur de "pulvérisation" du coronavirus, notamment des récits concernant méfiance à l'égard du gouvernement municipal et le fait que la mairie n'a pas été assainie, ni la maison du président de la municipalité :14

Tout le monde parle, critique et insulte ! Pour ceux qui ne le savent pas, il a été dit que l'assainissement était accepté mais qu'il fallait d'abord commencer par les maisons du conseil municipal, est-ce que quelqu'un a accepté, personne n'a accepté parce qu'ils savent que le liquide est toxique.

Ne nous laissons pas faire, paisanos. Si poncho (en référence au président de la municipalité) veut faire des fumigations, qu'il commence à la maison. Espérons que sa mère ou sa sœur ne mourra pas.15

Un autre utilisateur a ajouté un autre élément narratif qui a donné de la crédibilité à la rumeur de propagation du virus non seulement à San Antonio de la Cal, mais aussi à Ixtlahuaca, dans l'État de Mexico, en mentionnant que les "fumigations" étaient effectuées la nuit, "tard dans la nuit" (Arcega et al., 2021):

La méfiance est très grande dans les communautés d'Oaxaca et elle l'est encore plus lorsqu'une camionnette blanche arrive dans votre communauté tard dans la nuit pour fumiger les maisons d'autres personnes.

La suspicion suscitée par le gouvernement en général et les autorités sanitaires est un thème récurrent qui contribue à crédibiliser la rumeur de propagation du virus dans la population mexicaine. Les expressions suivantes des utilisateurs sont illustratives à cet égard : "ce qui se passe, c'est que le gouvernement leur a tellement menti qu'ils ne savent pas s'ils doivent croire ou non" ; "connaissant le gouvernement mexicain, je n'en douterais pas" ; "mais la vérité, c'est qu'on ne peut pas faire confiance au gouvernement pour tout" ; "avec ce putain de gouvernement, je ne doute pas qu'ils vont propager le virus" ; "ne permettez pas la fumigation, ne faites pas confiance au gouvernement ni aux hôpitaux".

Dans cet espace conversationnel de suspicion à l'égard des institutions gouvernementales, l'association de la rumeur de la "fumigation" du coronavirus est revenue à plusieurs reprises, articulée avec la rumeur selon laquelle des patients étaient tués dans les hôpitaux qui circulait dans d'autres parties du pays, en particulier à Ecatepec, dans l'État de Mexico, et qui a été analysée en détail dans une publication de Zires (2021). Dans cette version de la rumeur, la fumigation n'a pas d'effet létal, mais elle rend les gens gravement malades, de sorte qu'ils doivent se rendre à l'hôpital et y sont tués. L'hôpital est perçu comme un espace d'anéantissement systématique des patients qui s'y présentent.

Une version de la rumeur selon laquelle il n'y a pas de coronavirus, mais qu'ils tuent dans les hôpitaux, était clairement liée à des opinions conspirationnistes :

Ne croyez pas aux rois sacrés, Si l'on considère que cette maladie n'existe pas, le gouvernement a conclu un pacte avec tous les hôpitaux privés et publics. [L'objectif est de tuer toutes les personnes qui entrent avec une maladie quelconque pour qu'elles disent qu'elles sont covides, qu'elles ouvrent les yeux, c'est pourquoi les gens ont déjà compris qu'ils devaient descendre dans la rue [les italiques et la conjonction "que", qui facilite la lecture, sont les nôtres].

Logique de pensée ou explications de conspirations locales

De nombreuses rumeurs sur la pandémie qui circulent aujourd'hui dans les réseaux sociaux et les groupes WhatsApp au Mexique s'inspirent de certains éléments d'explication ou de supposées "théories du complot", comme on les appelle communément dans les médias, 16 bien qu'elles acquièrent une touche locale qu'il est important de noter, comme c'est le cas à San Antonio de la Cal. Ces explications ont un schéma ou une certaine logique de pensée ou d'interprétation de la réalité dans laquelle on dénonce toujours une menace, un complot caché de la part d'un agent identifiable qui a une intention maléfique et destructrice à l'encontre de certains sujets, d'une population ou d'une entité localisée spécifique. Cette instance maligne possède des ressources, du pouvoir et agit en secret avec certains alliés qui rendent ses actions possibles (Campion Vincent, 2005 : 104). Il en découle donc un schéma narratif manichéen clair de victimes et d'auteurs reconnaissables, ainsi qu'un schéma mécanique de cause à effet. Selon les psychologues sociaux, ce schéma simple est très attractif car il permet de donner un ordre d'interprétation simple et clair à des processus sociaux complexes, comme dans le processus et le développement de la pandémie de covid-19, où de multiples facteurs sanitaires, économiques, politiques, culturels et aléatoires sont impliqués et créent de nombreuses inquiétudes pour les personnes (Douglas, Sutton et Cichocka, 2017).

Dans la dernière version de la rumeur mentionnée ci-dessus, on dénonce une tromperie en indiquant que la maladie n'existe pas et qu'il y a un pacte ou un complot caché entre le gouvernement et les hôpitaux (privés et gouvernementaux), un pacte d'extermination ; on justifie également l'action collective qui a généré la rumeur : "c'est pourquoi les gens ont déjà compris [qu'ils] doivent descendre dans la rue". Les victimes sont les villageois et les coupables sont le gouvernement et les hôpitaux. En effet, dans de nombreux commentaires sur les différentes pages Facebook sélectionnées, la figure du gouvernement apparaît comme le coupable par excellence, celui qui "n'informe pas", celui qui "a menti", celui à qui "on ne peut pas faire confiance", celui qui est "corrompu", celui qui "a pactisé avec les hôpitaux", celui qui "veut nous tuer".

Maintenant, nous nous demandons quel intérêt le(s) gouvernement(s) pourrait(ent) avoir à anéantir une partie de la population. Dans certaines versions de la rumeur Facebook, une raison possible est mentionnée : la surpopulation mondialemais avec certaines nuances et variations locales ou nationales. Dans certains cas, ces commentaires sont faits pour dénoncer la conspiration contre les anciens et pour empêcher l'extermination :

Les communautés ont raison, le gouvernement leur donne des garanties pour assainir ces produits chimiques dont nous ne connaissons pas la composition. peut affecter les personnes âgées. Les gens ont peur aujourd'hui à cause de surpopulation nous savons que cela nuit à nos personnes âgées (l'italique et la conjonction "quoi", qui facilite la lecture, sont de nous).

Dans d'autres commentaires, c'est le contraire qui est vrai, dénonçant le sens fictif d'une telle conspiration et la qualifiant de "fausse information", mais les deux exemples démontrent l'existence de la notion de surpopulation mondiale qui soutiendrait les explications de la conspiration en temps de pandémie :

Cela est dû aux personnes qui ne croient pas à la pandémie et qui passent leur temps à inventer et à partager des informations. faux que ils vont procéder à des fumigations pour mettre fin à la surpopulation... [italiques ajoutés].

Il est intéressant de constater que ceux qui qualifient ces théories de conspiration d'"informations de conspirationnistes" ne sont pas seulement des "conspirationnistes".faux"et disqualifier la prétendue stratégie gouvernementale de "réduction de la population", alerter la population de San Antonio de la Cal sur la circulation de messages écrits et audio à travers les réseaux socio-numériques :

Mon père vient de me montrer un audio qu'il a reçu et qu'ils envoient par messagerie dans les groupes Whats App où un paresseux dit que les gens devraient les empêcher d'assainir parce que c'est seulement une stratégie du gouvernement pour rendre les gens malades et réduire la population que les reptiliens, l'ordre mondial, le gluten, les antennes 5G et je ne sais pas combien d'autres choses. Ne partagez pas ces réseaux de fake news c'est pour cela que cela arrive.

Selon le site Internet de Denise Maerker, un message audio a circulé sur les réseaux sociaux à San Antonio de la Cal, qui disait ceci : "Les gouvernements ont un accord et ils doivent s'y conformer en livrant 60 personnes par jour. Ils doivent livrer 60 morts par jour la semaine prochaine. Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'ils partagent l'information.17

L'audio met l'accent sur un aspect fondamental de la logique du récit conspirationniste : le pacte ou l'accord impliquant l'organe gouvernemental ; dans ce cas, il parle de "gouvernements" au pluriel, bien qu'il ne soit pas précisé de quels gouvernements il s'agit, ce qui signifie qu'en fonction de sa diffusion, il pourrait être associé à différentes entités gouvernementales au niveau local, régional, national ou mondial. Cependant, il est frappant de constater que le nombre de décès par covidé requis par jour est précisé : 60 personnes, 60 décès. Au vu de la réaction collective suscitée par ce message, on peut penser que ce chiffre a certainement dû paraître terrifiant pour une commune comme San Antonio de la Cal.

Le site web du journaliste n'indique pas la paternité de la production audio. Il s'agit d'une voix anonyme qui a circulé sur les différents réseaux sociaux de la localité. Cet enregistrement nous a également été communiqué par des personnes interrogées à San Antonio de la Cal, à savoir Marina Méndez et le président municipal lui-même. L'autre personne autochtone interrogée a indiqué qu'elle n'avait pas reçu cet enregistrement, mais qu'on lui avait raconté quelque chose de similaire : la rumeur selon laquelle les présidents municipaux des localités d'Oaxaca devaient remettre les deux chiffres officiels en raison de la mort du covid-19 et de la contagion, afin de "recevoir une rémunération économique". Dans cette version, le motif ou l'intérêt de participer à ce pacte gouvernemental ressort : l'argent "béni".

L'importance des actions collectives

Après avoir expliqué les versions de la rumeur sur la "fumigation" du coronavirus et présenté certains des éléments narratifs qui les rendent plausibles (comme les récits selon lesquels la désinfection vise plutôt à disperser le virus, le fait qu'elle soit effectuée la nuit et, surtout, les récits sur la méfiance à l'égard de toutes les autorités gouvernementales, ainsi que les explications conspirationnistes), il convient d'analyser la signification des actions collectives générées par la rumeur.

Acte de défense et de résistance face à un drame social selon les manifestants eux-mêmes.

Sur la base de l'analyse d'une vidéo diffusée en direct et publiée par Vague de Oaxaca Sur leur site Facebook, nous avons pu reprendre les propres expressions et déclarations des manifestants lors de l'action de protestation qui s'est déroulée sur l'esplanade devant le palais municipal le 27 mai 2020.18 Dans cette vidéo, on entend les voix des manifestants, en majorité des femmes, dont beaucoup sont des vendeuses de tortillas, dans un dialogue avec le journaliste. Nous reprenons ici les témoignages de deux de ces femmes qui apparaissent comme des leaders, qui donnent leur version de la rumeur et manifestent contre l'assainissement ou la "fumigation", selon elles :

Il y a des gens qui sont déjà morts là où ils sont allés faire de la fumigation. Une dame vient de mourir. Alors à quoi jouons-nous ? Nous savons déjà qu'ils veulent la mort des gens à cause de la surpopulation. Mais il n'est pas acceptable qu'ils prennent les gens par la force.

Elle raconte la version la plus répandue de la rumeur (où l'on fumige : les gens meurent) et dénonce également le complot caché, c'est-à-dire le plan de réduction de la population, ainsi que le motif de ce complot, la lutte contre la surpopulation. Il fait probablement allusion au contenu de l'audio qui a circulé dans les réseaux socionumériques de San Antonio de la Cal mentionnés ci-dessus : "Nous savons déjà qu'ils veulent la mort des gens à cause de la surpopulation...". La logique de la pensée conspirationniste apparaît clairement au moment de l'action collective.

Un autre vendeur de tortillas répète la même version de la rumeur :

Sur le marché alimentaire, les gens se couvraient, se lavaient constamment les mains et il n'y avait pas un seul mort. Que s'est-il passé ? Ils sont allés fumiger et les morts ont commencé à tomber, alors ce que nous ne voulons pas pour nos familles, nous avons des personnes âgées ici à San Antonio de la Cal, nous avons des enfants, nous avons des personnes malades, alors pourquoi fumiger ? Nous savons que cela nous tue, alors nous n'en voulons plus.

Vers la fin de la vidéo, les deux manifestants justifient leur action de protestation comme une défense et une résistance du "peuple", du "peuple", et le soutien qu'ils reçoivent de la part des personnes présentes est évident : "Ce que je dis ici, c'est que beaucoup de gens sont déjà partis, mais nous sommes peu nombreux à ne pas être partis. Mais ce n'est pas grave, je vais me battre pour mon peuple". Le groupe de villageois a applaudi la femme en signe de soutien. Après son discours, l'autre femme se défend d'avoir été classée parmi les fauteurs de troubles : "Ils m'ont déjà montrée du doigt, ils m'ont déjà accusée de causer des problèmes aux gens. Laissez les gens ici dire si je fais des histoires". A cette demande, la foule au fond de l'esplanade a répondu bruyamment : "Non !

La représentativité des voix de ces femmes doit être replacée dans le contexte du rôle joué par les fabricants de tortillas à San Antonio de la Cal, une localité réputée pour ses tlayudas, un type de tortilla typique d'Oaxaca, dont la production et la vente ont chuté pendant la pandémie.19

Lorsque le journaliste leur a demandé si la communauté n'avait pas été informée, les femmes ont répété à plusieurs reprises qu'il n'y avait pas eu d'avertissement et ont plutôt affirmé qu'elles n'avaient pas participé au processus décisionnel, qu'il n'y avait pas eu de "réunion" ou d'"assemblée" où les gens avaient leur mot à dire sur la question. Ils ajoutent que la population n'a pas demandé de "fumigation". Selon eux, le président de la municipalité n'est pas "responsable de notre vie, de notre maison, de notre peuple". Le président ne s'enverrait pas seul, puisqu'il est redevable au peuple : "Si le peuple me met dedans, alors que le peuple me le dise... ils enverront leur maison, mais pas le peuple". Ses propos traduisent les principes du régime coutumier qui les régit et l'importance de l'assemblée dans la prise de décision locale.

L'action de protestation est également devenue une caisse de résonance pour de nombreuses autres plaintes adressées au président de la municipalité, qui reflètent le drame économique vécu par les habitants : doutes quant à la promotion des mesures d'assainissement par le ministère de la santé, plaintes concernant le fait de ne pas avoir reçu d'aide pendant la pandémie, alors que d'autres villes voisines en auraient bénéficié, et, surtout, concernant l'installation de filtres policiers empêchant l'entrée d'aliments de base tels que les tortillas, le maïs, le pain et le fromage, entre autres. L'insinuation est que la présidence municipale "profite de la pandémie".

Dans leurs discours, les travailleurs de la chaux se sentent victimes de la tromperie de leurs dirigeants locaux : "ils ne devraient pas tromper tous les habitants de la ville" ; "voyons s'il est vrai que nous sommes les menteurs ou si ce sont eux qui trompent les gens".

Importance multiple des actions collectives générées par les rumeurs sur Facebook

Dans les conversations analysées sur les sites Facebook relatifs à San Antonio de la Cal et à l'État de Oaxaca, les actions collectives générées par la circulation de la rumeur d'assainissement ont été classées selon des perspectives sociales, politiques et idéologiques très différentes. Les conversations révèlent ces perspectives et nous permettent d'entrer dans le cadre social et les tensions vécues à ce moment-là dans la localité ; elles révèlent la difficulté du dialogue entre des secteurs très polarisés : entre ceux qui soutenaient les autorités municipales, Alfonso Vázquez - " Poncho " -, et ceux qui s'y opposaient, liés au parti qui a contesté les élections et à son leader Juan Carlos Pascual.

Actes d'ignorance, de sauvagerie et de déshonneur pour la municipalité

Du point de vue des défenseurs des autorités municipales, tant la propagation de rumeurs que les actions contre l'assainissement sont des actes d'ignorance totale ; on dit qu'il s'agit de personnes qui ne lisent pas, ne font pas de recherches, ne savent pas écrire et ne se nourrissent que de ragots via le bouche à oreille ou les réseaux sociaux. Dans une perspective classiste, ce secteur se met à la place de ceux qui savent, qui ont étudié et qui sont informés :

Les ignorants, lisez, faites des recherches... cherchez des articles de vulgarisation scientifique, afin de vous informer. Laissez l'ignorance de côté et aidez votre famille à cesser de répandre l'ignorance partout.

Le problème est que ces personnes ne croient que les ragots, elles ne prennent pas le temps d'enquêter ou au moins de poser des questions, elles sortent comme des singes avec leurs bâtons, elles ne raisonnent même plus.

Le processus de stigmatisation sociale qui accompagne les conversations polarisées sur les médias sociaux se développe également dans cet espace. Ceux qui partagent la rumeur et participent à des actes de protestation sont assimilés à des singes ou à des espèces éteintes, primitives et sauvages :

...comment vous me faites rire, c'est comme regarder une colonie de Néandertaliens vivants, j'ai déjà parlé à National Geographic pour faire un documentaire sur vous.

Certains utilisateurs de Facebook ont qualifié la propagation de la rumeur et les actes de protestation qu'elle a suscités de négatifs en raison de l'impact qu'elle aurait sur l'opinion publique et à l'extérieur de la ville. En ce sens, il s'agirait d'un acte de déshonneur, pour lequel toute la municipalité serait montrée du doigt comme étant habitée par des personnes non civilisées :

Il est malheureux que San Antonio soit devenu connu pour des choses aussi déplaisantes et c'est dommage.

Ce n'est pas parce qu'ils sont proches du centre-ville qu'ils sont civilisés ! [San Antonio de la Cal, connu pour sa foire à la tlayuda, est devenu l'"Ecatepec" d'Oaxaca.

La comparaison ci-dessus montre le sentiment d'humiliation et la reconnaissance du processus de stigmatisation dont Ecatepec a souffert et continue de souffrir. Le fait d'être originaire de Oaxaca et d'appartenir à une communauté oaxaquénienne est apparu comme un stigmate total qui explique non seulement l'ignorance à San Antonio de la Cal, mais aussi l'incapacité de ses habitants à raisonner, ainsi qu'à comprendre l'internet et les réseaux socionumériques tels que Facebook ou WhatsApp : "Pura ignorancia les brota, pinches paisanitos, por eso están como están" ; "De oaxaca tenían que ser" ; "Que alguien le quitar el WhatsApp a la gente de Oaxaca" ; "Pinches oaxacos se creen todo lo que ven en el feis" ; "La gente de Oaxaca le das un poco de internet y se creen parte de la sociedad". C'est clair : ce sont des êtres inférieurs. Ils ne méritaient donc pas d'être pris en compte : "Apprenez d'abord à écrire" ; "Mon Dieu, vous n'avez même pas fait d'études secondaires et vous voulez vraiment donner votre avis, putain de bande d'ignorants, vous êtes le cul de ce pays, vous êtes la merde de ce pays". La stigmatisation sociale régionale s'est accompagnée - dans un cas également - d'une stigmatisation nationale, le malinchismo : "les Mexicains étant des Mexicains".

Acte de manipulation politique par des opposants aux autorités

Un secteur d'utilisateurs de Facebook, peut-être lié aux autorités, interprète la diffusion de la rumeur et les actions collectives contre l'assainissement comme un acte de manipulation politique de la part du secteur de l'opposition. Justement, les administrateurs du groupe Facebook "San Antonio de la Cal", dont les noms n'apparaissent pas sur le site, ont lancé cette interprétation dans la soirée, une fois que tout était terminé :

Et ces gens qui ont commencé leur déchaînement sont les mêmes qui tentent de remettre en cause le conseil actuel. Les mêmes représentants des planillas et de leurs groupes de choc, il suffit de voir qui était responsable du désordre. Qui a détruit les patrouilles et arrêté les gens. Et ces gens qui ont provoqué l'émeute sont ceux de la planilla orange de Juan Carlos, de la planilla violette de Facundo, de la planilla rose, et il y avait aussi des gens de Porfirio....

Certains soutiennent cette interprétation en indiquant qu'un "petit groupe dirigé par les sœurs caramelo et ceux qui faisaient partie de la planilla de Juan Carlos Pascual" y avait participé. D'autres soulignent que ce matin même, sur la page Facebook de la municipalité, une femme incitait les gens avec un dispositif, les incitant à ne pas assainir et à la violence : "ils devraient faire quelque chose à propos de l'annonce qu'ils font sur l'interdiction de la fumigation" ; "que quelqu'un dise à cette dame qui annonce qu'elle devrait cesser de déranger les gens". Certains utilisateurs considèrent que ce comportement est illégal et mérite une amende : "ils devraient lui donner une amende et fermer son appareil, elle ne fait qu'inciter à la violence". L'un des commentaires, qui donne l'impression de provenir de personnes proches des autorités, prend un ton menaçant : "ils enquêtent pour punir la vieille femme qui perturbe les habitants de San Antonio de la Cal".

Il est illustratif qu'un utilisateur, dont le commentaire sur cette page Facebook avait été supprimé, ait considéré que ce site était vendu au président municipal et qu'il censurait d'autres interprétations : "Pourquoi supprimez-vous mon commentaire où je dis que vous défendez Poncho Vasquez ? ne pas prêter attention à cette page vendue"..

Acte de défense et de résistance

Au contraire, pour les utilisateurs qui croient que la rumeur de la propagation du virus ou d'autres substances toxiques est vraie, la circulation du virus et les actions collectives qu'elle a provoquées sont perçues comme un acte de défense et de résistance contre une attaque mortelle des autorités et de leurs manipulations :

Bonjour très bien amis et voisins de San Antonio de la Cal rappelez vous que nous ne devons pas les laisser manipuler la population, tout ce que font ces fumigateurs est mortel, soyez vigilants s'il y a quelque chose alors faites l'appel d'alerte, nous ne voulons pas qu'il y ait plus de morts qui soient causées, trop c'est trop.

Dans cette perspective, ceux qui sont descendus dans la rue et ont manifesté sont une source de fierté, ils méritent d'être reconnus pour leur audace : "Tant mieux pour ces gens qui se défendent, c'est bien" ; "Applaudissons les braves gens de San Antonio de la Cal". Les manifestants sont associés aux révolutionnaires, au "peuple organisé de San Antonio". Ainsi, un utilisateur reprend le slogan très populaire de la gauche chilienne qui s'est internationalisé : "Pueblo unido jamás será vencido, esa es la gente valiente que se necesita en estos momentos..." (Le peuple uni ne sera jamais vaincu, c'est le peuple courageux dont nous avons besoin en ce moment...).

Ils tentent de se défendre sur Facebook contre les attaques discriminatoires qu'ils ont reçues et tentent de contrer l'idée que ceux qui croient à la rumeur sont ignorants en soulignant que ne pas croire le gouvernement, c'est avoir ses propres critères et c'est un symbole de réveil pour défendre sa vie :

En fin de compte, vous avez le droit de croire ou de ne pas croire, tout ce que le gouvernement donne n'est pas bon ou mauvais, il est important d'avoir ses propres critères, ce n'est pas un symbole d'ignorance, c'est un symbole que les gens se réveillent pour défendre leur vie, leur santé et leur façon de penser. (soulignement ajouté).

Alors que certains utilisateurs proches des autorités et des administrateurs du site web San Antonio de la Cal dénoncent que derrière la propagation de la rumeur et les protestations se trouvent les opposants aux autorités, ce groupe d'opposants aux autorités qui se manifeste sur la page Facebook Nous sommes San Antonio de la Cal dénonce précisément le contraire, à savoir que la rumeur les caractérise comme des criminels. Sur cette dernière page, les administrateurs - non identifiés et de la voix anonyme - initient
La conversation avec plusieurs posts dans lesquels ils accusent les autorités du manque d'information sur l'assainissement, les liquides qui seraient pulvérisés, l'administration du président comme une "administration du rire" corrompue, qui veut cacher le vol du trésor public en utilisant les dépenses de l'assainissement. Ils dénoncent la fraude dans les élections et le fait que "Poncho Vásquez se serait proclamé président municipal", ainsi que la "barrière sanitaire où ceux qui contrôlent n'utilisent même pas de protège-dents et maintiennent un contact physique entre eux et les chauffeurs".

Réflexions finales

Le conspirationnisme et ses utilisations politiques

D'après ce qui a été présenté, nous pouvons souligner que la rumeur continue d'être un outil fréquemment utilisé dans la politique électorale (Kapferer, 1989 : 267-282) et, par conséquent, également dans les conflits post-électoraux tels que le cas de San Antonio de la Cal. Cependant, il faut également souligner que cela n'aurait pas été possible si la rumeur utilisée n'avait pas bénéficié d'un horizon prédiscursif ou d'un cadre de vraisemblance, façonné par les explications de conspiration qui avaient circulé auparavant, en plus d'autres notions et discours préexistants sur les performances douteuses et obscures des autorités gouvernementales.

Cette étude montre également que les rumeurs ne lient pas seulement les communautés, mais les divisent également ; elles marquent une ligne de démarcation forte à partir de laquelle les différents camps (ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, ceux qui soutiennent les actions collectives et ceux qui les désapprouvent) lancent des explications différentes, citent d'autres sources, remettent en question et s'en prennent à tous ceux qui s'approprient le récit qu'ils cherchent à renverser (Rouquette, 1977). Les rumeurs s'insèrent dans une compétition discursive pour donner du sens non seulement à la pandémie, à ce que chaque groupe vit et à la manière dont il agit, mais aussi pour légitimer sa place d'appartenance sociale et politique dans un cadre de lutte entre forces locales.

Après avoir analysé la manière dont les manifestants et les utilisateurs de Facebook eux-mêmes ont interprété les rumeurs et les actions collectives qui ont eu lieu à San Antonio de la Cal, il est clair qu'il existe deux manières opposées de les interpréter politiquement : la première comme des actes de défense et de résistance des habitants face à l'arbitraire de l'autorité municipale et à ses stratégies "criminelles" contre la population, et la seconde comme des actes d'ignorance d'une partie de la population et de manipulation par des groupes opposés à l'autorité dans le but de la délégitimer et de la discréditer. Les deux points de vue mettent l'accent sur la dimension politique de la rumeur. Ainsi, pour le secteur opposé aux autorités, la rumeur est un contre-pouvoir dans une perspective conspirationniste qui révèle les "non-dits" du gouvernement : ses accords secrets avec d'autres gouvernements, ses pactes cachés avec les autorités sanitaires. Pour l'autre secteur, l'important est de révéler l'exercice de la manipulation conspirationniste par un secteur d'opposition en désignant ceux qui la diffusent et participent aux actions collectives, dans une perspective anti-conspirationniste.

Ces réflexions nous amènent à reprendre la perspective de Taïeb (2010), qui a mis en évidence la dimension politique de la pensée conspirationniste, ses " logiques politiques ", en analysant, entre autres, les rumeurs qui ont circulé sur le vaccin contre la grippe en 2009 en France. Dans une perspective de sociologie politique et avec un intérêt évident pour la rhétorique politique, cet auteur soutient que toutes les théories du complot, en tant que "révélation" d'un complot, visent à aller à l'encontre des conspirateurs, et donc à inciter à l'action ou à la mobilisation. En ce sens, il s'agit clairement d'un discours politique qu'il convient d'étudier sous cet angle, sans le minimiser comme quelque chose d'irrationnel ou de peu important. Dans la même optique, Waisbord (2022) soutient que les opinions conspirationnistes liées à la pandémie de covid-19, à la fois le déni de la maladie et les croyances que l'Organisation mondiale de la santé (qui)La Fondation Gates et George Soros "ont causé la 'supposée' pandémie avec des objectifs obscurs", parmi d'autres récits, ne peuvent être compris uniquement comme des opinions isolées, détachées de la politique. Pour cet auteur, ils répondent à des campagnes de polarisation politique : "Ils reflètent la mobilisation des élites politiques, des leaders (religieux, éducatifs, etc.), et la mobilisation des médias, célébrités) et les médias traditionnels et numériques [...]" (Waisbord, 2022 : 40). Ce type d'étude nous permet de comprendre le contexte global de la diffusion de nombreux récits conspirationnistes qui ne circulent pas seulement au Mexique, ainsi que d'éclairer une partie importante du terreau prédiscursif de la rumeur de la fumigation dans la localité étudiée.

Au-delà de la dimension politique des récits conspirationnistes, il nous semble important d'approfondir les manières de voir et d'interpréter le monde qu'ils véhiculent et qui sont souvent disqualifiées. a priori. C'est pourquoi il nous semble important de répondre à l'invitation de Boullier et de ses collègues de retrouver les "épistémologies conspirationnistes" dans nos analyses de la description de la réalité et de la construction de la vérité :

Plutôt qu'une dualité simpliste où le complot serait une catégorie imperméable et homogène, identifiée comme l'antithèse du discours scientifique sur le monde. Nous proposons de comprendre ces objets comme faisant partie d'un continuum de critiques adressées à la modernité techno-scientifique contemporaine, qu'ils soient étiquetés comme conspirationnistes ou non (Boullier, Kotras et Siles, 2021 : 13).20

La plausibilité des rumeurs et des conspirations au niveau local

Dans cette étude, il a également été important d'analyser ce qui rend plausible la rumeur de la "fumigation" du coronavirus, clairement inspirée par la conspiration, à San Antonio de la Cal, et d'étudier comment ce type d'explication est traité au niveau local. Parmi les associations narratives qui lui confèrent sa vraisemblance, il était important de trouver de multiples discours faisant référence à la grande méfiance générée chez les sujets par les différentes autorités : municipales, étatiques, fédérales, nationales, les gouvernements en général et les autorités sanitaires. Dans ce monde de récits que nous avons pu saisir, la notion d'état mortifère semble être esquissée ou délimitée, dans un sens plus large du concept d'état, une instance plus abstraite qui inclut les différentes institutions gouvernementales, leurs règles, leurs normes et leurs pratiques. En relation avec cet État, apparaît la notion de sujet social individuel et collectif non protégé, à la merci des pratiques d'assainissement éventuellement criminelles de cet État ; un sujet qui n'a pas de valeur, qui n'a pas d'importance, dont l'existence n'a pas de pertinence pour cet État et ces États. La répétition des phrases sur la "surpopulation", "nous sommes trop nombreux", "trop nombreux" transmet clairement l'idée que certains individus sont excédentaires, que nous sommes excédentaires, que les personnes âgées sont excédentaires, qu'elles ne sont pas utiles à l'État, qu'elles sont une nuisance, qu'elles réclament de l'argent pour les pensions, le paiement des "personnes âgées" ; Ce dernier en termes locaux, nationaux, comme quelque chose de proche de l'expérience des personnes qui manifestaient et conversaient dans les réseaux socio-numériques, et qui donnait un sens ou une vraisemblance à la notion de l'extermination possible qui pourrait être en train d'être perpétrée. Ce régime de vraisemblance doit être exploré plus avant.

Taïeb (2010) mentionne que ces interprétations conspirationnistes sont liées à la plus grande domination du savoir médical dans les sociétés contemporaines et à la méfiance que ce biopouvoir ou la capacité des gouvernements à imposer des mesures biopolitiques spécifiques dans l'administration de la vie suscite dans certains secteurs sociaux, avec l'idée de créer des mesures de santé pour prévenir la maladie, qui dans les rumeurs est totalement redéfinie comme un pouvoir thanatologique de l'État. Plutôt que d'administrer la vie, il s'agirait d'administrer la mort.

Il convient de noter qu'une fois la rumeur publiquement réfutée dans les médias, les tendances à la stigmatisation sociale se sont accrues à l'égard de ceux qui ont cru à la rumeur et se sont exprimés. Une sorte de vide public a été créé, personne n'a osé parler de la rumeur, encore moins la défendre, et le problème a disparu presque soudainement. Selon l'une des personnes interrogées, "personne ne voulait être le prochain objet de moquerie sur les réseaux après ce qui s'est passé le 27". Il reste à analyser ce qui a été étouffé et reste latent dans la mémoire collective.

Bibliographie

Arcega, Francisco, Liliana Cruz, Héctor Hernández y Brenda Neri (2021). Construcción de la verosimilitud del rumor de la fumigación del coronavirus en redes sociodigitales en México. Tesis de la licenciatura en Comunicación Social. México: Universidad Autónoma Metropolitana-Xochimilco, asesorada por Margarita Zires y Silvia Gutiérrez.

Boullier, Henri, Baptiste Kotras e Ignacio Siles (2021). “Uncertain Knowledge. Studying ‘Truth’ and ‘Conspiracies’ in the Digital Age”, reset, 10. https://doi.org/10.4000/reset.2750

Campion-Vincent, Véronique (2005). “From Evil Others to Evil Elites: A Dominant Pattern in Conspiracy Theories Today”, en Gary Alan Fine, Véronique Campion-Vincent y Chip Heath (eds.). Rumor Mills. The Social Impact of Rumor and Legend, pp. 103-122. New Brunswick: Aldine Transaction.

Douglas, Karen, Robbie Sutton y Aleksandra Cichocka (2017). “The Psychology of Conspiracy Theories”. Current Directions in Psychological Science, 26(6), pp. 538-542. https://doi.org/10.1177/0963721417718261

Farge, Arlette y Jacques Revel (1998). Lógica de las multitudes. Secuestro infantil en París 1750.  Buenos Aires: Homo Sapiens.

Kapferer, Jean-Noel (1989). Rumores. El medio de difusión más antiguo del mundo. Buenos Aires: Emecé.

Rouquette, Michel-Louis (1977). Los rumores. Buenos Aires: El Ateneo.

Shibutani Tamotsu (1966). Improvised News: A Sociological Study of Rumor. Nueva York: Bobbs-Merril Company.

Taïeb, Emmanuel (2010). Logiques politiques du conspirationnisme. Sociologie et Societés, vol. 42 (2), pp. 265-289. https://doi.org/10.7202/045364ar

Waisbord, Silvio (2022). “Más que infodemia. Pandemia, posverdad y el peligro del irracionalismo”. InMediaciones de la Comunicación, vol. 17 (1), pp. 31-53. https://doi.org/10.18861/ic.2022.17.1.3227

Zires, Margarita (2001). Voz, texto e imagen en interacción. El rumor de los pitufos. México: Miguel Ángel Porrúa y Universidad Autónoma Metropolitana.

— (2005). Del rumor al tejido cultural y saber político. México: Universidad Autónoma Metropolitana-Xochimilco.

— (2017). “Rumores en redes sociales en contextos de violencia. Veracruz-agosto de 2011”. Razón y Palabra, vol. 21, núm. 96, pp. 723-760.

— (2021). “‘El coronavirus no existe’. ‘Los están matando’. De rumores y lógicas de pensamiento conspiracionista en México”, en Gerardo Gutierrez Cham, Susana Herrera Lima y Jochen Kemner (coords.). Pandemia y crisis: el covid-19 en América Latina. Guadalajara: Calas-Universidad de Guadalajara.


Margarita Zires Roldán est professeur de recherche au sein du programme de troisième cycle en communication et politique de l'Universidad Autónoma Metropolitana -Unidad Xochimilco et membre du système national des chercheurs. Ses domaines de spécialisation sont les suivants : l'analyse des rumeurs dans les réseaux sociaux traditionnels et socio-numériques, actuellement dans des contextes de violence, en relation avec la pandémie au Mexique et l'étude des manifestations contemporaines, médiatiques et hypermédiatiques du mythe et du symbole de la Vierge de Guadalupe, ainsi que de ses appropriations dans différents contextes culturels et mouvements sociaux au Mexique et aux États-Unis. Voir les publications : https://uam-mx.academia.edu/MargaritaZires

Aldo Cicardi González est titulaire d'un diplôme en communication sociale de l'Universidad Autónoma Metropolitana-Unidad Xochimilco, où il a rédigé une thèse sur les ciné-clubs universitaires en tant que forme de résistance, qui peut être consultée à l'adresse suivante : https://repositorio.xoc.uam.mx/jspui/handle/123456789/24653. Il prépare actuellement un master en communication et politique dans la même institution, avec un projet de recherche sur la rumeur de la fumigation du coronavirus et l'action collective dans deux contextes socioculturels : Oaxaca et l'État de Mexico. Il est coproducteur et éditeur du documentaire Ouvrir les voies de la justice. Verdict d'Ayotzinapaa été présenté pour la première fois en 2020 à la Cineteca Nacional et fait partie de la sélection officielle du Festival Contra el Silencio Todas las Voces.

Susciter l'intérêt
Notifier
guest

0 Commentaires
Retour d'information sur Inline
Voir tous les commentaires

Institutions

ISSN : 2594-2999.

encartesantropologicos@ciesas.edu.mx

Sauf indication contraire expresse, tout le contenu de ce site est soumis à un Licence internationale Creative Commons Attribution-NonCommercial 4.0.

Télécharger dispositions légales complet

EncartesVol. 7, No. 14, septembre 2024-février 2025, est une revue académique numérique à accès libre publiée deux fois par an par le Centro de Investigaciones y Estudios Superiores en Antropología Social, Calle Juárez, No. 87, Col. Tlalpan, C. P. 14000, Mexico City, P.O. Box 22-048, Tel. 54 87 35 70, Fax 56 55 55 76, El Colegio de la Frontera Norte Norte, A. C.., Carretera Escénica Tijuana-Ensenada km 18.5, San Antonio del Mar, núm. 22560, Tijuana, Baja California, Mexique, Tél. +52 (664) 631 6344, Instituto Tecnológico y de Estudios Superiores de Occidente, A.C., Periférico Sur Manuel Gómez Morin, núm. 8585, Tlaquepaque, Jalisco, Tel. (33) 3669 3434, et El Colegio de San Luís, A. C., Parque de Macul, núm. 155, Fracc. Colinas del Parque, San Luis Potosi, Mexique, Tel. (444) 811 01 01. Contact : encartesantropologicos@ciesas.edu.mx. Directrice de la revue : Ángela Renée de la Torre Castellanos. Hébergé à l'adresse https://encartes.mx. Responsable de la dernière mise à jour de ce numéro : Arthur Temporal Ventura. Dernière modification : 25 septembre 2024.
fr_FRFR